PÉTROLE - Les fondements de l’économie pétrolière

PÉTROLE - Les fondements de l’économie pétrolière
PÉTROLE - Les fondements de l’économie pétrolière

Pétrole: les fondements de l’économie pétrolière

Le pétrole industriel naît en 1859, aux États-Unis, sous la pression de la demande de combustible pour l’éclairage. Trop chassée pour son huile, la baleine à spermaceti se fait rare. Le pétrole suintant à la surface, dont le colonel Ferris vient de découvrir la distillation (ce qui permet de l’utiliser dans les lampes), voit son prix monter à plus de 20 dollars de l’époque par baril. C’est ce prix fabuleux qui va conduire des investisseurs à financer le “colonel” Drake jusqu’à la fameuse découverte du 28 août à Titusville (Pennsylvanie), à 20 mètres de profondeur. L’extraordinaire accroissement de la production mondiale — 6 000 barils en 1859, 500 000 l’année suivante, plus de 2 millions en 1861 — s’accompagne d’une non moins extraordinaire chute des prix — jusqu’à 11 cents par baril en seulement deux ans —, témoignant déjà, à l’époque, des caractéristiques économiques du pétrole: l’intensité de la demande, en raison de son attrait et de sa commodité, et la volatilité du prix, en raison du contraste entre sa valeur d’usage, très élevée, et son coût variable de production, très faible dès lors que les puits sont forés et équipés.

Si le XIXe siècle finissant n’utilise le pétrole que comme produit d’éclairage, le XXe siècle lui ouvre deux grands marchés nouveaux: celui du transport routier (c’est l’histoire de la Ford T) et maritime (c’est la reconversion de la flotte britannique du charbon au fioul par Winston Churchill), et celui des chaudières fixes pour l’industrie et les centrales thermiques. Trois grands cycles vont se dérouler successivement pour faire du pétrole l’“or noir” de l’économie mondiale: celui des États-Unis, qui s’enfle juqu’aux années 1930 et se termine avec la Seconde Guerre mondiale; celui de l’Europe et du Japon, avec l’expansion des Trente Glorieuses, suivie des crises des années 1970 et 1980; celui du Tiers Monde enfin, et notamment de l’Asie en développement, qui est en cours d’apparition.

L’énergie, moteur de l’activité

Irremplaçable pour le transport, le pétrole a été totalement supplanté pour l’éclairage par l’électricité, mais reste en compétition avec les autres énergies pour l’essentiel des utilisations en chaudière fixe et des usages pétrochimiques. Son importance pour l’économie mondiale ne peut donc être séparée de celle des autres énergies, même si, comme on va le voir, le pétrole joue un rôle très particulier, celui d’appoint. Or cette importance ne se mesure pas seulement à la contribution de l’énergie au produit intérieur brut (P.I.B.) mondial (respectivement 2 et 4 p. 100 environ pour le pétrole et pour l’ensemble de l’énergie primaire), mais aussi aux dérèglements de l’économie que cause sa pénurie, comme le souligne la profondeur des récessions provoquées par les chocs pétroliers: de l’ordre de 6 p. 100 du P.I.B. pour le premier et de 8 p. 100 pour le second. On notera qu’à l’inverse le contre-choc pétrolier de 1986 a provoqué une accélération d’environ 2 p. 100 de la croissance économique mondiale. Cela démontre que l’énergie est devenue indispensable à toute activité économique, donc à la création du P.I.B., qui n’est autre que la mesure annuelle de l’activité d’une région.

Une fois admis que le pétrole se trouve en compétition avec d’autres énergies et que l’énergie est un facteur indispensable à l’activité, toute réflexion sur le pétrole doit être fondée sur l’ensemble des énergies et sur la relation existant entre leur consommation et le niveau d’activité. Ainsi toute recherche d’un lien direct entre le P.I.B. et le seul pétrole, sans considération des autres énergies, est-elle une quête illusoire, dans la mesure où elle ignore les substitutions inter-énergétiques. Tel est pourtant le modèle mental implicite de nombreux acteurs de la scène énergétique!

En outre, il faut exclure les anciens pays à économie planifiée du champ d’investigation: pour le passé, car les indicateurs de P.I.B. n’y étaient pas pertinents, la mesure de la valeur ajoutée perdant son sens lorsque les prix sont artificiels, mais aussi pour les années 1990, car la rupture du début de cette décennie où ces pays ont, plus ou moins radicalement, abandonné le système centralisé au profit d’un système libéral fondé sur le marché, rend leur évolution irréductiblement incertaine, qu’il s’agisse de l’activité économique globale ou du volume et de la nature des consommations énergétiques.

Enfin, il faut raisonner à l’échelle mondiale, pays industrialisés et pays en développement réunis, afin d’éviter les pièges entraînés par la délocalisation de certaines activités industrielles fortement consommatrices d’énergie, telles que celles de l’aluminium, de la sidérurgie ou de la pétrochimie de base, donc de la consommation énergétique correspondante des premiers vers les seconds. Aussi une étude qui limiterait l’analyse du lien énergie-économie à un seul pays ou à une seule région, par exemple pour asseoir une politique de l’environnement, serait-elle nécessairement non pertinente puisqu’elle ignorerait l’évolution du contenu énergétique implicite des biens importés et exportés. C’est là un des principaux reproches que l’on a pu adresser à la proposition de la Communauté européenne de taxer l’énergie à hauteur de 10 dollars par baril d’équivalent pétrole: une telle taxation conduirait à accélérer les délocalisations hors d’Europe plutôt qu’à limiter la consommation énergétique mondiale.

L’élasticité énergie-croissance

Les travaux portant sur une longue période — de la fin du XVIIIe siècle, début de la révolution industrielle, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire tant que les économies-pays sont restées sensiblement autarciques — mettent en évidence, pour chacun des grands pays pour lesquels on dispose de données historiques, une tendance claire en matière de consommation d’énergie primaire par unité de produit intérieur brut. Cette consommation unitaire estimée, incluant l’énergie humaine et animale, les énergies renouvelables (biomasse, énergies hydraulique et éolienne) et les combustibles fossiles, a régulièrement et exponentiellement décru, quoique à un rythme très lent, au fur et à mesure que le temps passait.

La formulation mathématique de ce phénomène fait appel au concept d’élasticité, c’est-à-dire au rapport existant entre toute augmentation de la consommation énergétique, exprimée en pourcentage, et l’augmentation de P.I.B., également exprimée en pourcentage, qui l’induit. Cette élasticité est inférieure à 1, de l’ordre de 0,8, ce qui démontre l’amélioration progressive de l’utilisation de l’énergie. Bien entendu, si on ne conserve de la consommation énergétique que la partie comptabilisée (ce qu’on appelle énergie “commerciale”), excluant du même coup une partie importante des énergies renouvelables, humaine et animale, l’image change du tout au tout: la courbe de consommation énergétique unitaire est d’abord croissante, tant que l’effet de remplacement progressif des énergies non commerciales par de l’énergie commerciale masque les tendances d’amélioration de la productivité énergétique (phase d’industrialisation); elle ne devient décroissante que lorsque ce processus de substitution tend à disparaître.

Au cours des années 1950 et 1960, le monde occidental était au stade où la consommation unitaire d’énergie commerciale demeurait sensiblement constante: autrement dit, le transfert des énergies non commerciales vers les énergies commerciales (qui crée un ajout apparent de consommation commerciale) compensait l’amélioration tendancielle de la productivité énergétique. Depuis cette époque, cependant, les chocs énergétiques ont induit une accélération de cette amélioration tendancielle, et c’est ainsi qu’on observe deux phénomènes nouveaux. Le premier consiste en un “décrochement” de 2 p. 100 environ par an de la consommation énergétique vis-à-vis du P.I.B. pendant les deux années qui suivent une flambée des prix: 1974 et 1975, après le premier choc pétrolier d’octobre 1973 (guerre du Kippour et embargo décidé par les pays arabes); 1980, 1981 et 1982, après le double choc d’avril 1979 (quand les effets de la grève pétrolière en Iran ont été amplifiés par la réaction de l’Arabie Saoudite à la signature des accords de Camp David) et de septembre 1980 (au déclenchement des hostilités entre l’Irak et l’Iran). Le second phénomène est l’apparition à partir de 1978, cinq ans après le premier choc (ce délai correspond à la durée nécessaire pour que soient conçus, fabriqués et commercialisés les nouveaux modèles d’automobiles et les immeubles aux normes améliorées d’isolation), d’une tendance régulière d’amélioration de l’efficacité énergétique, essentiellement dans les secteurs du transport et de l’habitat. Voilà pourquoi l’élasticité de la consommation d’énergie commerciale au P.I.B. est passée de 0,95 au début des années 1970 à 0,80 ou 0,85 au cours des années 1980, un peu plus lorsque la croissance économique est forte, car cet effet d’économie supplémentaire d’énergie est alors “dilué”, un peu moins lorsque la croissance est plus faible.

Dans cette évolution de l’élasticité de l’énergie commerciale au P.I.B., on constate d’abord que le prix de l’énergie joue apparemment peu, sauf en cas de choc; dans ce cas, en effet, la montée très brutale du prix — en 1973, quadruplement en quelques semaines — induit une discontinuité tant dans le P.I.B., avec une récession profonde durant deux ans, que dans la consommation d’énergie. On constate également que les effets structurels liés aux changements de prix n’apparaissent qu’avec de longs décalages correspondant à la durée de mise en œuvre des investissements.

Aussi clairs qu’ils puissent être, ces deux constats peuvent échapper à une observation trop superficielle, et c’est ainsi qu’on fait parfois l’erreur de confondre les effets du premier choc pétrolier de 1973 avec ceux du second de 1979 et 1980. À cet égard, l’accélération du programme électronucléaire français à la suite du premier choc est démonstrative: les centrales commandées à partir de 1973 ont commencé à produire de l’électricité à partir de 1979, c’est-à-dire au moment même du second choc — mais cette coïncidence est évidemment fortuite! Une autre erreur, encore plus fréquente, consiste à regrouper le début des économies d’énergie en 1978 avec le décrochage de la consommation d’énergie par rapport au P.I.B. lié au second choc, et de voir là le début d’un “découplage” structurel massif entre le P.I.B. et la consommation énergétique.

Les “nilotes” de l’énergie

Du paysage énergétique qu’esquissent les observations qui précèdent se dégagent donc deux invariants:

— d’abord, un parallélisme entre énergie et économie du monde occidental, si on excepte les périodes de choc et la dérive induite par l’amélioration de l’efficacité énergétique depuis 1978;

— ensuite, de longs délais de mise en œuvre des investissements; il faut de six à dix ans pour construire des centrales nucléaires, hydrauliques ou à charbon, autant pour créer de nouvelles infrastructures intercontinentales gazières, de dix à vingt ans, enfin, pour découvrir et mettre en exploitation de nouvelles provinces pétrolières.

Un tel paysage n’est pas si différent du cadre où s’exerçait, voici plusieurs millénaires, l’activité des prêtres qui aidaient le pharaon, en Égypte, à prévoir l’importance et la date de la crue du Nil. Le parallélisme s’établissait chaque année entre la couleur des eaux du fleuve et l’intensité de la crue: claires, elles étaient peu chargées de solides en suspension, ce qui indiquait une crue médiocre; boueuses, elles promettaient une crue importante. Quant au délai, il correspondait à la longueur du cours du fleuve, entre l’amont où officiaient les “nilotes”, et son delta. La précision des prédictions était telle que le pharaon y gagna un statut divin auprès des fellahs.

Aujourd’hui, comme à l’époque du premier choc pétrolier, certaines compagnies ou centres de recherche ont leurs propres nilotes de l’énergie et du pétrole. Il y en a peu, car rares sont les organisations prêtes à faire leur une analyse incertaine — la folie des hommes rend en effet l’incertitude irréductible — et forcément sommaire. Néanmoins, à travers les scénarios publiés ici ou là depuis les années 1960, on peut reconnaître que, du premier choc de 1973 à la réaction, en 1990, de l’Irak confronté à la surproduction pétrolière du Koweït, les grands événements qui ont secoué le monde de l’énergie n’étaient pas pour tous des surprises totales.

Le nilote de l’énergie dispose d’un précieux avantage vis-à-vis de son lointain homologue de la haute vallée du Nil: il connaît les causes des événements qui influeront cinq, six ou dix ans plus tard sur le marché de l’énergie. Le prêtre égyptien ignorait tout du déclenchement des pluies.

Dans le monde de l’énergie, au contraire, on pourrait craindre que les divers acteurs, s’appuyant sur des anticipations non moins diverses des prix relatifs futurs de l’énergie, ne soient conduits à des décisions d’investissement qui paraîtraient alors quasi aléatoires à l’observateur. Mais il n’en est rien. Le mimétisme des acteurs est la règle dans l’industrie, et l’erreur n’est condamnable que si elle n’est pas partagée par tous. Malheur à l’isolé qui, sur la base d’une anticipation incorrecte, aurait conduit son entreprise à perdre davantage que ses concurrents! Voilà pourquoi la meilleure stratégie d’un dirigeant est de prendre ses décisions sur la base des opportunités qu’offre l’environnement d’affaires immédiat, c’est-à-dire comme ses concurrents, mais en essayant d’être plus rapide qu’eux.

C’est cette attitude qui explique la grande vague d’investissements dans la génération électrique non pétrolière entre 1973 et 1980. L’augmentation relative du prix du pétrole brut provoqua celle du fioul lourd et celle du prix du courant électrique obtenu à partir de ce produit. Du coup, alors que le fioul n’avait cessé de supplanter le charbon depuis la fin des années 1950, surtout en Europe et au Japon, charbon, nucléaire et hydraulique vont, à partir de 1973, opérer un retour en force. Ce sont d’abord les anciennes centrales à charbon converties au fioul qui vont être reconverties au charbon, pour devenir disponibles dès le milieu des années 1970; ce sont ensuite les nouvelles centrales qui entrent en service à partir de 1979 (1973 plus six ans de délai) et jusqu’en 1990 environ (1980 plus dix ans de délai). Ces dernières arrivent donc, au cours des années 1980, sur un marché où la demande électrique a chuté en raison de la forte récession provoquée par le second choc.

Aussi, pris dans les ciseaux d’une demande en baisse et d’une offre en hausse, les électriciens vont-ils fortement ralentir leurs investissements dès 1980; et cela d’autant plus que, simultanément, les contraintes environnementales (refus du nucléaire, du charbon, des barrages) et institutionnelles (apparition de nouveaux producteurs indépendants, en particulier aux États-Unis et au Royaume-Uni à la suite de l’abandon des monopoles publics) viennent s’ajouter à la baisse progressive puis brutale (1986) du prix du pétrole pour rendre moins attrayants les investissements massifs non pétroliers.

Vingt ans après le premier choc pétrolier, le nilote de l’énergie pouvait donc prévoir, sans risque de se tromper, que le net ralentissement des décisions d’investir dans les centrales hydrauliques, nucléaires et charbonnières au cours des années 1980 pèserait tout au long de la décennie de 1990 et contribuerait à accroître l’appel aux hydrocarbures, pétrole et gaz. Comme pour le gaz, en raison des délais d’investissement, les jeux étaient faits et connus jusqu’à l’an 2000, c’est sur le pétrole qu’allait se concentrer l’exigence d’appoint, comme ce fut spectaculairement le cas au cours de la fin des années 1960, jusqu’en 1973.

Dans la compétition entre les différentes formes d’énergie, le non-pétrole est, comme on l’a vu, caractérisé par des délais dus à la taille des investissements. La contrepartie de ces coûts élevés en capital est que le niveau des coûts variables d’exploitation est faible: quasi nul pour l’hydraulique, le nucléaire ou le gaz, il est, pour une centrale à charbon, égal au coût de la ressource (ce qui équivaut à un approvisionnement en pétrole à 10 dollars le baril, au plus, voire à zéro lorsque le contrat d’achat du charbon stipule l’obligation d’enlever), et donc plus faible que le prix du pétrole ou des produits pétroliers. De ce fait, la logique économique conduira à utiliser au maximum le parc d’équipements non pétroliers et à n’utiliser le pétrole qu’en appoint, c’est-à-dire “à la marge”. C’est en raison de ce rôle que le prix du pétrole a une telle importance. Étant marginal, il est ipso facto directeur du prix de l’énergie.

Le jeu des gouvernements

Faut-il réduire l’évolution du marché, fût-il de l’énergie ou du pétrole, au seul mimétisme des acteurs pour les décisions d’investissement? L’innovation technique ou stratégique y a aussi sa place, mais celle-ci est suffisamment limitée pour qu’un modèle de comportement fondé sur l’hypothèse que tous les acteurs “suivront” le marché et ses prix comme s’ils devaient rester pérennes rende bien compte de la réalité du passé. Ainsi, les vagues d’investissement dans les provinces pétrolières, dans les différents types d’unités de raffinage, dans la génération électrique, dans le développement du gaz ou dans le transport maritime procèdent toutes de ce même modèle comportemental.

Néanmoins, il existe, à des moments donnés, des exceptions à cette règle générale. Ce sont les décisions “politiques” de certains gouvernements. Citons tout d’abord, pour mémoire, le processus de planification des pays de l’Est, qui conduit précisément à ne pas inclure ces pays dans l’analyse. Citons ensuite les décisions nationales de promouvoir et de subventionner les énergies indigènes: nucléaire en France, charbon en Allemagne et au Royaume-Uni, raffinage dans les pays en développement, au nom d’une indépendance nationale qu’avait prônée Nasser en son temps. Citons enfin les règles imposées aux acteurs au nom de la sécurité (diversification des approvisionnements), de la morale (embargo sur les exportations d’Afrique du Sud, de Libye, d’Iran, d’Irak), de l’environnement, etc.

Au-delà de ces exceptions, qui constituent des distorsions plus ou moins fortes au libre choix des acteurs économiques, les gouvernements jouent un rôle majeur pour dessiner le cadre institutionnel où s’accomplit le marché. Taxes et subventions, règlements et normes, constitution de groupes protégés, etc., sont les principaux éléments définissant ce cadre.

À l’échelle du monde “occidental”, le jeu des institutions peut se résumer en quelques grandes orientations: la taxation des carburants routiers (à l’exception de quelques pays producteurs de pétrole comme le Nigeria ou le Venezuela, qui subventionnent encore la consommation nationale de carburants, la grande majorité des gouvernements taxent lourdement — de 50 p. 100 aux États-Unis à 400 p. 100 en Italie et en France — ce secteur captif); la protection de l’environnement par la limitation des émissions soufrées et nitreuses; le maintien çà et là des monopoles électriques et gaziers de jure ou de facto, hors des États-Unis et du Royaume-Uni.

L’histoire de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (O.P.E.P.) est un excellent exemple de l’influence et du jeu des gouvernements. L’O.P.E.P. a été créée en 1960, au lendemain de la décision des États-Unis d’isoler leur marché pétrolier du reste du monde (institution en 1959, par le président Eisenhower, de quotas destinés à limiter les importations de brut à environ 10 p. 100 de la consommation américaine). On se rappellera que les États-Unis étaient devenus importateurs pétroliers nets en 1948 (ce qui explique que le système des prix du pétrole avait alors basculé d’une base golfe du Mexique à une base Moyen-Orient, avec l’instauration des prix “affichés” ou posted pour les bruts provenant de cette dernière région). Depuis cette époque, l’abondance et le faible coût du pétrole du Moyen-Orient favorisaient la baisse des prix et le remplacement de la production américaine, plus onéreuse, par des importations. Les États-Unis étaient ainsi devenus le producteur marginal du pétrole, limitant de fait leur extraction nationale au seul pétrole dont le coût était inférieur ou égal au prix du marché. En fermant leurs frontières, ils provoquaient une élévation de leur prix intérieur et donc de leur propre production. Simultanément, ils provoquaient une baisse du prix international et, via la limitation des importations américaines, une baisse de la demande internationale. Autrement dit, ils laissaient au reste du monde le soin de réduire sa production afin de gérer les prix internationaux.

Il était donc naturel que les gros producteurs internationaux, c’est-à-dire le Venezuela et les pays du Moyen-Orient, se regroupent pour faire face à cette nouvelle situation. Cette constitution de l’O.P.E.P. fut un succès, car, à partir de 1960, les prix officiels, qui servaient de référence à l’impôt et qui avaient chuté plusieurs fois auparavant, ne baissèrent plus, alors même que les prix réels continuaient à glisser. Mieux, l’O.P.E.P. réussit même à augmenter sa part de profit sur le prix affiché.

La course au piège (1959-1973)

Lorsque les États-Unis s’isolent et que l’O.P.E.P. est créée, un siècle après la découverte de Drake, la phase de reconstruction et d’expansion économique de l’après-guerre bat son plein, dopée par le bas prix du pétrole, inférieur à 2 dollars par baril. Sous la pression des nouvelles découvertes effectuées en Afrique du Nord, en Iran et dans la péninsule arabique, ce prix va même continuer à s’éroder (en dépit d’une demande croissant de plus de 7 p. 100 par an, ce qui correspond à un doublement en moins de dix ans), mais sans plus connaître les soubresauts d’avant la guerre.

Trois facteurs se conjuguent à l’époque pour réguler le prix du pétrole: la dynamique d’une demande d’autant plus vigoureuse qu’il existe un débouché quasi illimité pour le fioul lourd résidu de la distillation, celui des centrales électriques nouvelles et anciennes où il se substitue au charbon; la domination du marché international par les “sept sœurs” anglo-américaines (Esso, Shell, Mobil, Chevron, Gulf, Texaco, B.P.) qui, sans réellement former un oligopole — ce qu’auraient mis en évidence des résultats financiers anormalement brillants —, gèrent les à-coups éventuels du marché; l’intégration verticale de l’industrie allant de la production de pétrole brut à la vente des produits finis en passant par le transport, le raffinage et la logistique aval, qui permet d’éviter les remous des marchés libres, dits marchés “spot”, et explique du même coup leur quasi-absence.

Tout se passe donc, apparemment, pour le mieux. Hélas! c’est l’opulence même du système économique des Golden Fifties and Sixties (nos “Trente Glorieuses”) qui va poser problème. La génération du baby-boom arrive à l’âge adulte et ne se satisfait pas du modèle d’existence que lui propose celle de ses parents. Un mouvement contestataire se développe dans tous les pays riches à la fin des années 1960 (hippies américains, Mai-68 en France, étudiants japonais à Narita) et s’inquiète de la qualité de la vie avec, en particulier, le souci de l’environnement. La pollution de la belle plage de Santa Barbara, à côté de Los Angeles, en 1969, provoquée par la fuite de pétrole provenant d’un puits en mer, va cristalliser ces attitudes en faveur de l’environnement et conduire à la promulgation des grandes lois environnementales américaines de 1969 et 1970.

Aussitôt, l’emballement de la consommation pétrolière s’accélère et se transforme en piège, car le ralentissement des productions américaines d’énergie induit par ces nouvelles lois va accroître d’autant l’appel à la seule énergie alors disponible rapidement: le pétrole du Moyen-Orient, et plus spécialement celui d’Arabie Saoudite. De 1969 à 1973, importations américaines et production saoudienne progresseront parallèlement au taux de 25 p. 100 par an! Les observateurs les plus lucides le voyaient bien: cela ne pouvait durer. La guerre du Kippour fut l’étincelle du premier choc.

Celui-ci ne s’accompagne d’aucune désintégration verticale de l’industrie pétrolière, quand bien même les pays producteurs vont profiter du retournement du marché pour nationaliser les anciennes concessions. En effet, les circuits du pétrole brut vers le raffinage et les marchés ne sont pas désorganisés, et le recours aux marchés spot n’est pas indispensable. Aussi, quand la récession de 1974-1975 va réduire la demande, la proration de l’offre entre les différents pays membres de l’O.P.E.P. se fera quasi spontanément et donc sans difficulté, chacun s’ajustant à la hauteur des marchés qu’il approvisionne.

Dès lors que le fardeau de la réduction de l’offre est ainsi équitablement partagé, au prorata des capacités respectives, et que le quasi-quadruplement des prix intervenu entre-temps a considérablement accru les recettes des producteurs, l’O.P.E.P. se trouve en position favorable pour gérer le marché et empêcher toute chute des prix. En outre, elle bénéficie dès 1976 d’une forte reprise de la croissance économique, qui induit celle de la demande pétrolière. Cette reprise masque les évolutions en profondeur, qui n’apparaîtront qu’à partir de 1978 (arrivée de nouveaux véhicules et réalisation d’immeubles aux nouvelles normes), ou même plus tard (nouvelles centrales électriques), et permet d’éponger l’arrivée sur le marché des productions issues des nouvelles provinces pétrolières ouvertes en dehors de l’O.P.E.P. (1 million de barils par jour supplémentaires chaque année, de 1976 à 1986).

Émergence et mirages du marché

Si l’importance économique du premier choc ne se manifeste que de façon diffuse, en raison des délais attachés aux investissements, son importance politique est considérable, et n’échappe pas au regard des modernes nilotes. C’est le réveil du nationalisme arabe et, parallèlement, celui de l’islam, notamment en Iran, en Arabie Saoudite et au Koweït.

Au sein de chacun de ces trois pays, la crise couve car les traditionalistes récusent l’enrichissement trop brutal, la corruption des mœurs et le passage à des sociétés modernes. Elle éclate en 1978, en Iran, avec la grève des travailleurs du pétrole, et le paroxysme est atteint au cours de l’hiver de 1979: en effet, le surcroît de demande induit par le stockage de précaution auquel procèdent les compagnies se trouve alors confronté à une baisse volontaire de 1 million de barils par jour de l’offre saoudienne à partir du 1er avril, à la suite de la signature, quelques jours plus tôt, des accords de Camp David entre l’Égypte et Israël. Les prix explosent. Ils explosent une fois encore l’année suivante, en septembre 1980, quand l’Irak attaque l’Iran afin de profiter de son affaiblissement interne pour renégocier le traité d’Alger de 1975, qui faisait passer la ligne frontalière entre les deux pays au milieu du talweg du Chatt el-Arab.

À la différence du premier choc, où les circuits du pétrole n’avaient pas été touchés, la quasi-disparition de la production de l’Iran puis de celle de l’Irak va nécessiter une réallocation complète de l’offre de brut sur les différents marchés. En outre, en aval, les marchés consommateurs vont également changer rapidement de structure de demande de produits en raison de la mise en service des nouveaux investissements, lesquels diffèrent selon les politiques menées par ces pays. Enfin, l’entrée en service des raffineries des pays en voie de développement va créer de nouveaux flux internationaux de produits pétroliers, achevant la dislocation complète des réseaux logistiques traditionnels d’offre et de demande.

La création des marchés spot et autres marchés à terme pour les divers pétroles bruts et produits pétroliers est la réponse naturelle à cette dislocation. Ceux-ci vont désormais s’échanger au coup par coup, selon les fluctuations des cours et les anticipations des opérateurs. Cette création, d’ailleurs facilitée et encouragée par la libéralisation financière qui lui est concomitante, est plutôt une recréation: le New York Mercantile Exchange (Nymex) du début des années 1980 n’est que le reflet du marché qui existait cent ans auparavant (curieusement identique, avec les mêmes lots de 1 000 barils, les mêmes horaires, les mêmes règles de fonctionnement, etc.), celui-là même qu’avait étouffé Rockefeller en créant le monopole de la Standard Oil!

Dans un marché pétrolier où n’existe plus aucune intégration, la proration n’est plus spontanée et l’O.P.E.P. va donc devoir gérer elle-même une situation d’autant plus sévère que récession économique, économies d’énergie, entrée en scène des nouvelles centrales nucléaires et charbonnières et poursuite de la progression de la production hors O.P.E.P. (mer du Nord, Alaska, baie de Campeche au Mexique) vont se conjuguer pour réduire la demande qui lui est adressée (celle-ci passe de 30 millions de barils par jour environ au début de la décennie à 15 millions en 1985). L’éventualité d’un contre-choc est bien là, et elle est reflétée par le nom d’un scénario publié à l’époque, “Sauve qui peut”, dans lequel le prix du pétrole tomberait à 12 dollars le baril dès 1986.

Malgré l’absence quasi totale, sur le marché, des productions de l’Iran et de l’Irak en guerre, les surproductions des autres membres de l’O.P.E.P. conduisent l’Arabie Saoudite, qui assurait de facto la gestion du prix du pétrole, au bord du gouffre. Sa production chute de plus de 10 millions de barils par jour en 1980 à moins de 3 millions, en moyenne, en 1985. Finalement, après avoir menacé, puis menacé encore ses partenaires indélicats, elle passe à l’action en faisant accepter le principe de contrats de vente à marge de raffinage garantie (les contrats net back ). Ce faisant, elle déséquilibre le raffinage (dont l’équilibre spontané, en raison des surcapacités de traitement, conduisait à des marges quasi nulles) et, via le raffinage, le marché du pétrole brut, dont le prix s’effondre de 25 dollars par baril, à la fin de 1985, à moins de 10 dollars, en juillet 1986.

Les États-Unis ont-ils été les instigateurs de ce revirement? La baisse des prix était un puissant facteur de relance économique et Ronald Reagan devait faire face, quelques mois plus tard, à la réélection du tiers du Sénat américain; une relance ne pouvait que favoriser les candidats républicains. L’hypothèse est possible, mais il est peu probable que Washington, pas plus que Riyadh, ait imaginé l’intensité de la baisse des prix et le coup porté par cette baisse au coûteux pétrole indigène nord-américain.

Toutefois, même sans croire à un complot américano-saoudien comme le fit Michel Jobert en 1973, il y a clairement un lien spécial entre les deux pays, précisément à cause du pétrole. Importateurs massifs à la marge, d’un côté, exportateurs massifs à la marge, de l’autre, leur proximité politique ne se dément pas depuis la Seconde Guerre mondiale (visite du président Roosevelt au roi Ibn Seoud à bord du Quincy , en 1945), en dépit du soutien inconditionnel des États-Unis à Israël. Si le “lâchage” du shah d’Iran avait laissé un doute sur la solidité de l’allié américain, le soutien à l’Irak pendant le conflit avec l’Iran, puis la défense du Koweït en 1990 témoignent de cette constante politique.

Le contre-choc de 1986 n’est, pour les Saoudiens, qu’un succès relatif. Certes, leurs revenus sont restés quasi inchangés, la baisse des prix étant compensée par un accroissement de production de 3 millions de barils par jour (ce qui démontre qu’il existait une zone optimale de prix assez large, à l’époque, de 15 à 30 dollars par baril, pour lesquels leurs revenus courants plafonnaient). Certes encore, le boom économique de 1987-1988 occasionné par le contre-choc pétrolier (baisse de l’inflation et donc des taux d’intérêt; baisse massive des transferts financiers — 1 milliard de dollars par an pour la France — des pays industrialisés vers les pays producteurs), reflet quasi symétrique des deux années de récession suivant un choc, a provoqué un accroissement de la demande pétrolière adressée à l’O.P.E.P. (demande d’autant plus vigoureuse qu’il y avait un net ralentissement des arrivées de nouvelles centrales électriques et que c’était la fin de la montée en puissance de la production pétrolière non O.P.E.P.). Mais le budget saoudien est resté déficitaire après 1984. D’ailleurs, les autres pays de l’O.P.E.P., exception faite des Émirats et du Koweït, sont également entrés “dans le rouge”.

Une difficulté d’un autre ordre affecte, plus subtilement, l’organisation: elle tient au modèle mental du marché pétrolier qu’entretiennent certains de ses membres. Ignorant les effets des autres énergies et l’importance des délais d’investissement, ce modèle se borne au constat élémentaire suivant:

— en 1973-1974, le prix du pétrole quadruple et la demande plafonne;

— en 1979-1980, le prix du pétrole triple à nouveau et la demande s’effondre;

— en 1986, le prix est divisé par deux et la demande repart.

Il en conclut que la demande pétrolière serait très directement liée au prix du pétrole, avec une élasticité d’ailleurs assez forte. Ce modèle mental explique la stratégie de prix bas menée depuis 1986 par l’Arabie Saoudite et ses voisins de la péninsule, Koweït et Émirats. Ils savent que, s’il y a baisse de la demande, cette baisse n’affectera ni la production non O.P.E.P. (qui représente une grosse moitié de l’offre pétrolière occidentale), ni celle des pays périphériques de l’organisation (qui représente environ la moitié de l’offre de l’O.P.E.P.), étranglés par leurs charges démographiques et par leurs besoins financiers. C’est donc avec un fort effet de levier (de l’ordre de quatre, car la péninsule arabique représente environ le quart de l’offre pétrolière) que l’Arabie Saoudite et ses voisins ressentiront l’effet de l’élasticité des prix qu’ils imaginent. Ce schéma les condamne, d’une part, à récuser toute hausse du prix (y compris celle qu’induirait la mise en place d’une taxe sur le carbone dans les pays consommateurs) et, d’autre part, à essayer d’obtenir un partage du fardeau de la proration par les producteurs périphériques.

Joseph et le rêve de Pharaon

Les perspectives d’avenir peuvent préoccuper. D’un côté, des consommateurs dont la demande est fortement inélastique au prix, sauf en cas de choc, et dont on peut attendre une forte progression de leurs besoins pétroliers sous l’effet conjugué de trois facteurs: la stagnation relative des énergies non pétrolières pour cause de non-investissement dans la décennie de 1980; un ralentissement de la tendance à l’amélioration de l’efficacité énergétique (les parcs automobiles sont aujourd’hui complètement renouvelés et la baisse des prix sur le plus grand marché, celui de l’Amérique du Nord, pousse au choix de modèles moins économes); enfin, une reprise de la croissance économique. De l’autre côté, des producteurs de pétrole non O.P.E.P., fortement contraints par la maturité croissante de leurs ressources et par l’absence de découverte de nouvelle grande province pétrolière, et des producteurs d’appoint, ceux de l’O.P.E.P., peu optimistes sur l’avenir et donc peu incités à investir dans de nouvelles capacités de production, persuadés qu’ils sont d’être à l’abri de tout emballement de la demande (car, d’une part, ils n’y croient pas et, d’autre part, quand bien même un tel emballement se manifesterait, ils sont convaincus qu’il leur suffirait de pousser les prix du pétrole à la hausse pour rapidement contrôler la demande).

De telles attitudes recréent les conditions d’un choc énergétique. Ce choc serait d’autant plus violent qu’il interviendrait dans une économie mondiale plus fragile parce que plus interdépendante et que la part du pétrole dans les usages où d’autres énergies lui sont facilement substituables, c’est-à-dire les usages d’appoint que remplit le fioul lourd dans les chaudières fixes, a nettement diminué (de plus de 30 p. 100 à environ 20 p. 100), rendant plus difficile la réduction de sa consommation.

Les nilotes de l’énergie, forts de leurs connaissances sur les parcs d’investissement et sur les comportements des acteurs, sont raisonnablement sûrs de la relation existant, pour les six à dix années à venir, entre croissance économique mondiale et croissance de la demande pétrolière: en rythme annuel, à des taux de 1,5 p. 100, 2,5 p. 100 et 3,5 p. 100 pour la première correspondent respectivement des accroissements minimaux (car toute contrainte imposée aux autres énergies conduirait à un recours accru au pétrole) de 0, 1 et 2 millions de barils par jour pour la seconde. À moins de 2,5 p. 100 de croissance annuelle (cas des trois années de récession 1991, 1992, 1993), l’offre serait suffisante. À 3,5 p. 100 de croissance annuelle, le piège se refermerait en trois ou quatre ans.

Pour autant, pas plus que leurs lointains homologues du haut Nil ne savaient prédire la pluie, les nilotes de l’énergie ne savent prédire ce que sera la future croissance économique. Que faire? Attendre qu’un rêve vienne avertir les modernes pharaons? Ce serait faire peu de cas de l’allégorie biblique que de vouloir prendre son récit au pied de la lettre. À chacun de s’inventer un nouveau Joseph. Pour les compagnies pétrolières et énergétiques, ce rôle est dévolu aux stratèges créateurs de scénarios: en racontant les histoires de possibles futurs, ils contribuent à préparer leurs compagnies aux surprises et les rendent plus aptes à réagir bien et vite. Pour les gouvernements, c’est aux administrations de jouer ce rôle et d’alerter les responsables politiques. À ces derniers ensuite le soin, face au risque réel de troisième choc pétrolier, de prendre les moyens, sinon de l’éviter, du moins d’y faire face.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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